Quelles sont les différentes méthodes d’utilisation des huiles essentielles ?

L’aromathérapie est une méthode ancestrale de soin par les plantes dont le développement des procédés de distillation a permis de faciliter leur extraction et démocratisé leur utilisation. Mais comme vous le savez certainement, ce sont des substances très concentrées en molécules que l'on ne peut pas employer à l’instinct sans risque. À la manière de médicaments, les doses doivent être respectées, le public doit être adapté ainsi que le mode d’administration. C’est sur ce dernier que nous allons nous arrêter dans cet article afin de faire un tour d’horizon des différentes façons d’utiliser correctement une huile essentielle. De la voie orale à la voie cutanée en passant par l’olfaction, voici tout ce que l’on peut et ne peut pas faire avec une huile essentielle. 

Il s’agit d’un mélange concentré de molécules initialement synthétisées par des plantes. L'utilisation du nom huile essentielle est très encadrée et il n’existe que quelques procédés donnant le droit de commercialiser un produit portant cette mention. Ce sont les méthodes originelles de distillation et d’expression à froid (pressage) pour les agrumes. Les techniques plus modernes comme l’extraction par solvant permettent également l’obtention d’un concentré de molécules volatiles, mais que l’on n’appelle pas huile essentielle. Cela conduit dans ce cas à des extraits nommés concrète ou absolue, plutôt réservés à la parfumerie. Dans les années 2000, Pierre Franchomme a adapté le procédé d’extraction au CO2 supercritique à l’aromathérapie pour recueillir des substances encore plus complexes et très proches de la plante. Ces extraits, bien que réalisés dans le même esprit que les essences végétales, sont qualifiés d'extraits CO2 et non d’huile essentielle. 

L’ensemble des molécules qui composent l’huile essentielle agit seul ou de concert en pénétrant l’organisme. Elles peuvent intervenir localement ou de manière globale si elles accèdent à la circulation sanguine. Le mode d’administration va influencer la vitesse et la portée d’action de l’essence. Plus celui-ci permet une accession rapide à la circulation sanguine, plus l’huile essentielle opérera rapidement, mais plus le risque de surdosage sera important.

En atteignant la circulation sanguine, les molécules présentes interagissent et vont participer à des réactions métaboliques. Ainsi, certains composés sont dits hormon-like, car grâce à des similitudes de structure, ces derniers vont être reconnus par l’organisme comme tels. D'autres, en contribuant à des réactions au niveau des cellules du pancréas, peuvent booster la production d’insuline. Ce sont là deux exemples parmi tant d’autres. Ces molécules peuvent également agir plus localement pour diminuer certaines douleurs en profitant d'un effet anesthésiant, activer la circulation sanguine par échauffement ou influer sur les émotions en touchant directement certaines zones du cerveau…

Ainsi, à chaque essence et propriété recherchées un mode d’application privilégié qui permettra de maximiser les vertus et de limiter les risques. Petit tour d’horizon des différentes possibilités d’administration des huiles essentielles et des enjeux associés.

La voie orale est le mode privilégié pour un effet rapide et global. En effet, de cette manière, les composés atteignent au plus vite la circulation sanguine. Notamment si l'on dépose l’huile essentielle sous la langue, zone très irriguée. L’ingestion permet également, après passage des barrières de l'estomac, une métabolisation. Pour cette raison, c’est une méthode d’utilisation qui demande d’importantes précautions d’usage puisque l’effet est maximisé. Par exemple, une plus grande quantité de molécules peut s’accumuler dans le foie ou des composés tels que les cétones accèderont rapidement au cerveau. De plus, elles ne doivent pas irriter les muqueuses digestives.

Pour la prise par voie orale, on préférera la plupart du temps utiliser un vecteur. En effet, l'administration d’une essence végétale pure par voie orale est souvent déconseillée en raison des risques d’irritation des muqueuses buccales, de l’œsophage et de l’estomac. Elle est cependant parfois possible en déposant les gouttes sous ou sur la langue. Sinon, on privilégiera le dépôt sur cachet neutre, dans une gélule vide, dans une huile végétale, sur un morceau de sucre ou dans une cuillère de miel. La dilution ralentira légèrement l’absorption par l’organisme, mais protègera les muqueuses. Attention, l'ajout dans l’eau est inutile, car l’essence ne s’y mélangera pas.

Exemples : huiles essentielles de ravintsara, d’arbre à thé, d’agrumes...

La voie cutanée est très souvent conseillée pour répondre à des douleurs ou des troubles localisés. Hormis les muqueuses, l’ensemble du corps humain est concerné. Le visage et le cuir chevelu pour des applications principalement liées à la beauté et au bien-être, les articulations et les muscles pour des inflammations variées, ou encore les tempes pour les maux de tête. Aussi, une application le long de la colonne vertébrale est recommandée pour atteindre rapidement les systèmes nerveux et immunitaire ou le ventre pour viser en douceur l’appareil digestif. 

Cependant, l’application cutanée n’est pas sans risque. Beaucoup d’huiles essentielles, notamment celles riches en terpènes, sont irritantes, voire dermocaustiques, et pourraient causer des brûlures, des démangeaisons ou des rougeurs désagréables. Dans certains cas, des dermites de contact peuvent même apparaître. Attention aussi aux allergies cutanées, les essences végétales contenant de nombreuses molécules allergisantes telles que le linalol ou le limonène. Pour limiter les risques et les inconforts potentiels, souvent les essences sont diluées dans une huile végétale ou un produit cosmétique (crème, shampoing, masque, lotion, sérum…). Enfin, la dilution dans un bain chaud à l'aide d'un dispersant permet d'atteindre simultanément l'ensemble des muscles et articulations et peut aider à la récupération sportive.

Si l’huile essentielle est pure, elle accèdera rapidement à la circulation sanguine ou au cœur du problème. Par contre, si elle est diluée dans une huile végétale, l’épiderme a tendance à faire une barrière et ralentit donc l’arrivée des molécules dans la circulation sanguine. Néanmoins, un massage suffisamment long pour s’assurer de la bonne pénétration et des applications répétées permettent tout de même à la substance d’être métabolisée.

Exemples : huiles essentielles de rose, de thym, de géranium...

Si l’inhalation peut laisser penser à un mode de consommation plus doux, il n’en est rien. Les substances atteignent directement le cerveau via le lobe olfactif grâce aux cellules nerveuses du nez. Ainsi, elles agissent directement sur les émotions. Les effets sont immédiats. Aussi, lors de l’inflammation des muqueuses olfactives dans le cadre d’une infection, l’action locale est rapidement réduite. C’est donc un mode d’utilisation très intéressant pour lutter contre les maladies de l’hiver, mais aussi pour ressentir un certain bien-être grâce aux connexions directes du nez avec le centre des émotions. À noter que certaines essences, irritantes pour les muqueuses respiratoires, sont à éviter.

Pour inhaler correctement une huile essentielle, plusieurs procédés sont possibles. Vous pouvez utiliser un inhalateur muni d’un tampon absorbant, un bol inhalateur rempli d’eau chaude ou encore inspirer directement le flacon. Choisissez la méthode la plus adaptée au but recherché et à l’essence sélectionnée. Enfin, pour un effet plus doux, mais répété tout au long de la journée, placez à l’intérieur des poignets une à deux gouttes d’huile essentielle diluées à 20 % dans une huile végétale si nécessaire.

Exemple : huiles essentielles de menthe poivrée, d’eucalyptus...

La diffusion est le mode d’administration le plus doux et celui qui jouera le plus sur vos émotions. Comme pour l'inhalation, les cellules nerveuses de la muqueuse olfactive transmettent directement les informations au cerveau. L’avantage de cette méthode, c'est qu’elle peut s’appliquer dans la plupart des cas aux plus jeunes et permet d’installer un doux parfum d’ambiance. Cela est également très efficace pour assainir l’atmosphère et éloigner les virus.

L’utilisation de diffuseurs (nébulisation, ultrason, chaleur douce, ventilation…) s’est démocratisée depuis une quinzaine d’années. Ce sont des outils étudiés pour une diffusion optimale. Mais, si vous aimez vous détendre dans la salle de bain, alors l’ajout d’essence dans une bonne baignoire d'eau chaude permet également de propager une douce odeur délassante. Enfin, les aérosols sont aussi une alternative intéressante.  Exemple : huiles essentielles d’agrumes, pin...

Les voies rectales et vaginales sont dans certains cas possibles. Ce sont des voies d’administration très efficaces, car elles correspondent à des zones très irriguées en sang. Les essences ne devant pas traverser le système digestif, elles ne subissent aucune dégradation. Par contre, ce sont des muqueuses sensibles aux irritations et l’effet puissant requiert de grandes précautions. En règle générale, ne les appliquez pas pures, mais utilisez des suppositoires, des ovules ou des crèmes. Encadrez ces usages avec l’aide d’un thérapeute pour éviter les risques de désagrément.

Exemple : huiles essentielles de lavande officinale, lemongrass, arbre à thé...

Une des premières utilisations des huiles essentielles a été la parfumerie. En effet, avant de soigner, de nombreuses plantes laissent échapper un parfum apprécié. Si de nos jours, pour des raisons industrielles, les parfums du commerce sont fabriqués à l’aide de molécules synthétiques, mais inspirés des essences naturelles, vous pouvez trouver de nombreuses recettes pour vous faire plaisir et créer votre propre parfum. Si cela vous intéresse, vous pouvez consulter notre article sur le sujet.

Exemple : huiles essentielles d’ylang-ylang, de rose, de fleur d’oranger...

Aussi, les huiles essentielles peuvent remplacer avantageusement certains arômes. Plus faciles à stocker, plus puissantes, elles présentent certains atouts, à condition de les utiliser avec parcimonie et de ne jamais avoir la main lourde sur la quantité. En effet, ces substances sont tellement concentrées qu’une seule goutte de trop peut gâcher un plat, voire le rendre impropre à la consommation.

Exemple : huiles essentielles de thym, de cannelle, d’agrumes, de citronnelle...

Les huiles essentielles demandent une certaine connaissance de ces substances pour les employer correctement et sans danger. Certaines essences s’adaptent à la voie cutanée, mais pas la voie orale, d’autres, irritantes pour les voies respiratoires, ne peuvent être inhalées. Prenez soin de bien lire la notice du fabricant avant utilisation, en cas de doute, n’hésitez pas à consulter des ouvrages ou des sites spécialisés, voire un spécialiste. Les personnes souffrant de pathologies préexistantes, notamment de cancers hormonodépendants, de troubles hépatiques, d’asthme, d’épilepsie, de maladies cardiovasculaires ou encore d'allergies, doivent se montrer particulièrement prudentes. Comme expliqué plus haut, les personnes à la peau sensible doivent aussi se méfier lors de l’utilisation par voie cutanée.

L’âge et la condition du sujet ont également leur importance. Enfants, femmes enceintes et allaitantes ne peuvent pas consommer sans danger un grand nombre d’huiles essentielles. Par contre, si la voie orale est souvent à proscrire pour ces personnes, la diffusion ou la voie cutanée, modes d’administration plus doux, sont parfois possibles. 

Il existe de multiples façons d’utiliser une huile essentielle, chacune adaptée à l’effet recherché ainsi que l’essence choisie. En effet, en raison des risques associés à chacune d’entre elles, toutes les voies d’administration ne sont pas autorisées. Vous avez du mal à vous y retrouver ? Alors, ne vous lancez pas sans avoir lu les conseils d'utilisation donnés par le fabricant. Si malgré tout, vous ne savez pas comment utiliser vos huiles essentielles, n’hésitez pas à consulter nos fiches associées qui vous livreront tous leurs secrets.