Qu’est-ce qu’un hydrolat ?

Un hydrolat, parfois appelé “eau aromatique” ou “eau de distillation”, est un coproduit de l’huile essentielle issue de l’hydrodistillation d’une plante. C’est-à-dire que l’huile essentielle et l’hydrolat sont produits conjointement, même si le but initial est la fabrication du premier des deux liquides. En effet, les premiers distillateurs de plantes aromatiques ou médicinales s’aperçurent rapidement que l’eau qui avait servi à entrainer les molécules, et récupérée en fin de procédé, avait elle aussi pris l’odeur de la plante, même si celle-ci est plus discrète. Ils en conclurent que cette eau avait aussi un intérêt. De plus, produites en grande quantité, les eaux florales (hydrolats issus de fleurs donc) devinrent à cette période plus recherchées que les essences trop faibles en rendement. Ensuite, les progrès dans les techniques d’hydrodistillation ont inversé la tendance. Mais si aujourd’hui l’huile essentielle est la star en aromathérapie, certains hydrolats ont des propriétés qui méritent qu’on s’y intéresse, d’autant qu’ils s’adaptent au plus grand nombre. Dans le commerce, on rencontre aussi parfois le terme d’eau florale, normalement réservé aux produits issus de la distillation de fleurs.

COMMENT EST FABRIQUÉ UN HYDROLAT ?

Comme pour les huiles essentielles, la définition d’hydrolat est réglementée par la pharmacopée française. Il s’agit des « eaux distillées végétales obtenues par entrainement à la vapeur de diverses plantes aromatiques ou non. Elles sont constituées par la phase aqueuse recondensée et séparée de l’huile essentielle quand il y en a ». Si la définition d’huile essentielle admet plusieurs procédés de fabrication, les hydrolats ne résultent que d’une distillation (hydrodistillation ou entrainement à la vapeur). Ces deux procédés sont basés exactement sur le même principe : l’eau portée à ébullition forme une vapeur qui entraine les molécules volatiles d’une plante hors de celle-ci avant d’être refroidie pour revenir à l’état liquide (condensation). Cette eau est ensuite séparée de l’huile essentielle qui est hydrophobe (ne se mélange pas avec l’eau). Mais des composés ne sont jamais parfaitement non miscibles et restent dans l’eau une fraction minime des molécules de l’huile essentielle. C’est l’hydrolat.

DE QUOI EST-IL COMPOSÉ ?

Comme son nom l’indique, une eau aromatique (hydrolat) est composée principalement d’eau. Mais celle-ci contient un faible pourcentage de molécules volatiles présentes dans l’huile essentielle, qui n’ont pu être récupérées au moment de la séparation des deux phases. Ce reste est infime, car il ne dépasse en général pas les 0,2 % du volume. L’eau ayant conservé principalement les molécules les plus solubles, sa composition ne ressemble pas forcément à celle de l’huile essentielle. Par exemple, l’huile essentielle de petit grain bigarade est constituée essentiellement d’acétate de linalyle (jusqu’à 60%) et pourtant cette molécule est quasiment absente de l’eau de fleur d’oranger qui contient surtout du linalol, deux fois moins présent dans l’essence. À l’inverse, l’huile essentielle de rose de Damas et son hydrolat se ressemblent assez si l’on compare les molécules qu’ils contiennent.

COMMENT UTILISER L’HYDROLAT ?

Les eaux de distillation étant peu concentrées, on ne peut pas s’attendre à la même puissance que l’huile essentielle. On ne peut donc pas forcément choisir un hydrolat en fonction des bienfaits reconnus de l’huile essentielle à laquelle il est associé. Cependant, chaque hydrolat présente des propriétés bien spécifiques qui lui permettent de soulager un certain nombre de maux. Comme ses cousines huiles essentielles, il s’utilise par voie orale et cutanée. La diffusion ou l’inhalation sont également possibles mais ont souvent moins d’intérêt. Aussi, les hydrolats se dilueront parfaitement dans un bain et seront un atout pour la formulation de produits cosmétiques. En effet, les eaux aromatiques remplacent avantageusement l’eau pure dans la formulation d’une crème cosmétique, car celles-ci lui apportent des propriétés et de la stabilité. Sinon, on retrouve les eaux aromatiques conditionnées dans des flacons pulvérisateurs, afin de pouvoir aisément les répartir sur la peau, dans l’air ou sur des tissus.

COMMENT BIEN CHOISIR SON HYDROLAT ?

Comme pour les huiles essentielles, il est possible de choisir une eau aromatique en fonction de ses indications thérapeutiques ou de son arôme si le but est de l’utiliser en cuisine. Cependant, il est préférable de s’assurer de sa bonne qualité pour observer les effets escomptés à l’utilisation.

En plus de toujours bien identifier le nom latin de la plante distillée afin d’éviter une confusion malheureuse, l’étiquette doit être lue consciencieusement. Bien sûr, des produits bio et 100 % purs sont à privilégier. Les hydrolats rencontrant des problèmes de stabilité, certains produits contiennent des conservateurs permettant de les garder plus longtemps, mais qui en altèrent la pureté et vont limiter l’utilisation par voie orale. Pour assurer une bonne tenue sans ajout d’additif, le flacon doit être opacifié (souvent de couleur bleue) et correctement scellé. Aussi, pour s’assurer un liquide avec une concentration suffisante, privilégiez le ratio 1:1 qui signifie que la distillation d’un kg de plante produit un kg d’hydrolat. Tout autre ratio conduit à une eau de distillation extrêmement diluée, qui risque donc d’être peu efficace. Enfin, fiez-vous à la dénomination du produit qui ne peut s’appeler différemment qu’hydrolat ou eau florale. Toute autre dénomination même proche (hydrosol par exemple) ne réfère pas à une eau obtenue après distillation d’une plante et ne suit donc pas les mêmes règles d’utilisation.

LES PRÉCAUTIONS À PRENDRE AVANT UTILISATION

L’avantage par rapport aux huiles essentielles est que les hydrolats conviennent en général à toutes et à tous. Cependant, il est important de toujours suivre les recommandations, car les eaux aromatiques contiennent parfois également des molécules puissantes et sont également source d’allergie. Pour les femmes enceintes, allaitantes et les bébés de moins de 3 mois, on suivra scrupuleusement les recommandations, même si la plupart des hydrolats sont utilisables par tous. Dans ce cadre, certains hydrolats permettent de bénéficier de certaines applications de l’huile essentielle avec moins ou pas d’inconvénient. L’exemple le plus marquant est peut-être celui de l’hydrolat de menthe poivrée qui est rafraîchissant et facilitera les digestions difficiles dès trois ans, là où il faut attendre l’adolescence avec l’huile essentielle.

COMMENT BIEN LES CONSERVER ?

Les huiles essentielles sont tellement concentrées et dénuées de présence d’eau qu’elles ne font pas partie des terrains de jeux privilégiés des bactéries et autres microorganismes. L’histoire est un petit peu différente pour les eaux de distillation. Même si ces dernières contiennent des molécules généralement antiseptiques, la présence d’eau en forte quantité les rend vulnérables à la dégradation. En l’absence de conservateurs, un hydrolat se conserve 6 mois après ouverture, de préférence au réfrigérateur, au sec et à l’abri de la lumière. Au-delà, des bactéries ou des champignons risquent fort d’avoir colonisé le flacon. Une odeur désagréable peut en résulter. En parallèle, avec le temps, les molécules présentes peuvent également se dégrader.

QUELQUES RECETTES À BASE D’HYDROLAT

La prise d’un hydrolat étant moins à risque que celle d’une huile essentielle, la prise se fait souvent en plus grande quantité. Aussi, soluble dans l’eau, ce dernier est plus facile à administrer. Voici deux recettes pour commencer à vous familiariser avec l’hydrolathérapie.

 

Bien digérer avec l’hydrolat de menthe poivrée

En période de fête, les repas lourds et riches se succèdent et l’estomac ne suit plus. Dans ce cas, ou pour les personnes souffrant de digestion lente, diluez une cuillère à café d’hydrolat de menthe poivrée dans un verre d’eau. À boire dès 3 ans après le repas.

 

Éliminer l’eczéma avec l’eau de rose

L’eczéma est un vrai fléau pour ceux qui en souffrent. Tiraillements, démangeaisons, plaques inesthétiques, cette maladie de peau ne facilite pas la vie de ceux qui en sont sujets. Difficile à faire disparaître même à l’aide d’un dermatologue, l’eczéma résiste souvent. Pour éviter les longues cures médicamenteuses et faire reculer l’affection, dès 3 mois, il est possible de consommer par voie orale une cuillère à café d’eau de rose de Damas, diluée dans un verre d’eau ou biberon. Effectuer ce geste jusqu’à amélioration des symptômes.

Les hydrolats sont des alternatives très douces aux huiles essentielles. Très intéressants pour soigner certains troubles et accessibles pratiquement par tous, ils restent généralement moins efficaces. Néanmoins, ils présentent l’avantage d’être beaucoup plus faciles d’utilisation et entrainent moins de risques pour l’utilisateur.  Il s’agit d’une solution idéale pour améliorer certains symptômes chez les jeunes enfants, lorsque l’utilisation d’une essence est impossible, ou tout simplement si vous préférez des soins doux. À noter également que ces produits de distillation présentent un réel intérêt en cosmétique, en remplacement de l’eau pure.