Huile essentielle de sauge officinale et blanche : quelles différences ?

La sauge est une plante culinaire et médicinale connue depuis des millénaires en Europe et sur le continent américain. Plusieurs espèces cohabitent et peuvent soigner certains maux comme les troubles du cycle féminin et les infections ORL. C'est d'ailleurs de ses propriétés médicinales qu’elle tire son nom salvia qui signifie « santé ». En raison des grandes disparités de leurs terroirs, les huiles essentielles tirées des feuilles et des fleurs sont très distinctes et ne peuvent pas être interchangées. En effet, leurs actions, mais aussi leurs précautions d’usage, ne sont pas en tout point identiques. Dans cet article, nous allons nous intéresser de plus près à la sauge officinale qui parsème nos jardins, et à la sauge blanche qui s’épanouit sur les sols sablonneux de Californie, afin de bien les différencier.

La sauge est une plante du genre salvia de la famille des lamiacées qui cache en réalité de multiples sous-espèces. Au moins une dizaine de variétés indigènes existe en Europe, sur les 900 dénombrées à travers le monde. Elle se présente sous la forme d’un petit buisson surmonté de grandes tiges présentant de nombreuses petites fleurs. En aromathérapie, les plus rencontrées sont sans doute la sauge sclarée (salvia sclarea) et la sauge officinale (salvia officinalis), même si cette dernière doit être employée avec beaucoup de précautions en raison de la présence de thuyone, un puissant neurotoxique.

Une autre sauge moins connue en Europe a également fait ses preuves en aromathérapie : la sauge blanche. Celle-ci s’épanouit sur le continent américain et tient une place importante dans la culture amérindienne. Son huile essentielle est exempte de thuyone, ce qui permet une utilisation plus aisée.

La sauge blanche (Salvia apiana) tire son nom des fleurs de la même couleur qui la caractérise. Ses tiges peuvent atteindre des hauteurs jusqu’à 1,2 mètre lui donnant l’aspect de grandes herbes fleuries. La distillation de ses tiges, fleurs et des feuilles permet d’obtenir une huile essentielle riche en terpènes tels que l’alpha et béta-pinène, mais aussi en cétone, en camphre et en oxyde, le 1,8 cinéole. Cette molécule est très présente dans les huiles essentielles d’eucalyptus et de ravintsara. Comme ces dernières, grâce à une action fortement antibactérienne et antivirale ainsi qu’expectorante et mucolytique, elle est redoutable contre les infections ORL. Elle était appréciée en Amérique du Sud pour ses propriétés calmantes et antidouleurs. Enfin, elle est aussi connue pour sa capacité à diminuer les sécrétions de certains fluides corporels, comme la transpiration, la salive, ainsi que le mucus et même le lait maternel. 

En diffusion, l’essence de sauge blanche est réputée purificatrice et positivante, idéale donc pour assainir l’atmosphère et passer une bonne journée. De plus, elle permettrait de chasser les mauvaises odeurs. Cependant, cette huile essentielle demeure rare et peu documentée.

La sauge officinale est une plante cultivée en Europe qui présente des tiges fleuries de rose ou de bleu, n’excédant pas les 80 cm, qui sont donc un peu moins hautes que celles de la sauge blanche. Son huile essentielle est obtenue de la même manière que pour sa cousine blanche, mais ne propose pas exactement les mêmes propriétés.

La sauge officinale a, de son côté, démontré une action antibactérienne spécifique contre les staphylocoques et streptocoques, les champignons de type candida albicans, ainsi que certains virus. Également, concentrée en alpha-pinène et 1,8 cinéole, la sauge officinale est expectorante et mucolytique. Dès lors, elle est conseillée en cas d’infection telle que la sinusite, bronchite ou grippe, mais aussi pour des atteintes virales plus sérieuses comme la méningite virale, la névrite ou l’herpès labial. 

Grâce notamment à la présence d’une plus grande variété de molécules, elle est plus polyvalente que sa cousine blanche. En effet, parmi ses nombreuses propriétés, la sauge officinale est cholagogue et cholérétique, ainsi, elle est efficace en cas d’insuffisance biliaire et de certains troubles digestifs et du foie. Aussi lipolytique et réparatrice, elle peut s’utiliser contre la cellulite, les vergetures et s’adapte aux peaux sensibles ou sèches. Enfin, elle est appréciée lors des troubles du cycle féminin : règles douloureuses, règles peu abondantes, douleurs abdominales, bouffées de chaleur (ménopause), sécheresse vaginale, pertes blanches…

Ce qui la distingue principalement de la sauge blanche, c’est la présence en grande quantité de thuyone. Cette molécule est connue pour ses effets délétères sur le système nerveux. Mais utilisée à bon escient et sans dépasser les doses recommandées, c’est un excellent neurotonique qui permet de reprendre le dessus lors de périodes particulièrement intenses ou stressantes. Les personnes hyperémotives apprécient cette essence qui les aide à stabiliser leur humeur.

En raison de la présence de thuyone, la sauge officinale ne s’emploie que sous contrôle médical et n’est disponible qu’en pharmacie. Il est donc capital de bien respecter toutes les consignes d’utilisation et de sécurité. 

Abortive, elle est à proscrire durant la grossesse, l’allaitement ou pour les femmes ayant envie de procréer. Aussi, en raison de son action sur le système nerveux, les enfants de moins de 12 ans ne s’adaptent pas à cette essence dont il faut à tout prix éviter la surdose. Enfin, les personnes souffrant d’épilepsie passeront leur chemin.

En l’absence de thuyone, la sauge blanche est plus douce, malgré tout, elle est déconseillée avant 12 ans. Pour une utilisation sur des sujets plus jeunes, veillez à le faire sous le contrôle d’un spécialiste. Aussi, cette essence n'est pas appropriée pour les femmes enceintes et allaitantes, notamment en raison de son effet négatif sur la lactation. Enfin, les personnes souffrant d’asthme ou d’épilepsie éviteront cette huile essentielle.

Ces huiles essentielles ne sont pas particulièrement allergisantes, même si elles peuvent contenir de faibles quantités de limonène. Effectuez donc systématiquement un test dans le creux du coude avant de commencer une cure. Par contre, elles peuvent se révéler agressives pour l’épiderme, veillez donc à toujours la diluer dans une huile végétale avant toute application cutanée.